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La chandelle
26/03/2009 19:52
La chandelle n'est plus, mais elle fut. Elle avait commencé la veillée, tandis que le poète commençait son poème. La chandelle avait mené vie commune, vie inspirée, vie inspirante avec le poète inspiré. A la chandelle, dans le feu de l'inspiration, vers après vers, le poème déroulait sa propre vie, sa vie ardente. Chaque objet sur la table avait sa lueur d'auréole. Et le chat était là, assis sur la table du poète; la queue, si blanche, tout contre l'écritoire. Il regardait son maître, la main de son maître courant sur le papier. Oui, la chandelle et le chat regardaient le poète au regard plein de feu. Tout était regard dans ce petit univers qu'est une table éclairée dans la solitude d'un travailleur. Alors, comment tout ne garderait-il son élan de regard, son élan de lumière ? Un déclin de l'un est compensé par un surcroît de la coopération des autres. Et puis, les êtres faibles ont un au-delà plus fin, moins brutal que les êtres forts. La solitude de la non-chandelle continue sans heurt la solitude de la chandelle. Chaque objet du monde, aimé pour sa valeur, a droit à son propre néant. Chaque être verse de l'être, un peu d'être, l'ombre de son être, en son propre non-être.
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