|  | Clair de lune19/02/2009 02:40
 
   
 
 La mer est grise, calme, immense,L'oeil vainement en fait le tour.
 Rien ne finit, rien ne commence :
 Ce n'est ni la nuit ni le jour.
 Point de lame à frange d'écume,
 Point d'étoiles au fond de l'air.
 Rien ne s'éteint rien ne s'allume :
 L'espace n'est ni noir ni clair.
 
 Albatros, pétrels aux cris rudes,
 Marsouins, souffleurs, tout a fui.
 Sur les tranquilles solitudes
 Plane un vague et profond ennui.
 
 Nulle rumeur, pas une haleine,
 La lourde coque au lent roulis
 Hors de l'eau terne montre à peine
 Le cuivre de ses flancs polis;
 
 Et le long des cages à poules,
 les hommes de quart, sans rien voir,
 regardent en songeant , les houles
 monter, descendre et se mouvoir.
 
 Mais, vers l'Est, une lueur blanche,
 comme une cendre, un vol léger
 Qui par nappes fines s'épanche,
 de l'horizon semble émergée.
 
 Elle nage, pleut, se disperse,
 S'épanouit de toutes parts,
 Tourbillonne, retombe et verse
 Son diaphane et doux brouillard.
 
 Un feu pâle luit et déferle
 La mer frémit, s'ouvre un moment,
 Et dans le ciel couleur de perle
 La lune monte doucement.
 
 
 
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